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lors que la pandémie de Covid-19 touche le monde entier depuis plus d’un an, les Français n’ont jamais autant été en quête de verdure et ça tombe bien, ils peuvent désormais compter sur une jardinerie urbaine qui bouscule le marché horticole Français. En 2017, Léo et Julien, deux amis et anciens Paysagistes-Concepteurs passionnés de plantes d’intérieur fondent Plantes Pour Tous, une enseigne qui a pour objectif de rendre les plantes accessibles à toutes les personnes qui souhaitent se rapprocher de la nature sans forcément casser leur tirelire. Le concept repose sur l’organisation de Grandes Ventes de Plantes le week-end à travers toute la France et l’Europe. Mais pas que, puisque l’enseigne s’appuie désormais sur un réseau de jardineries physiques avec notamment deux boutiques à Paris (Canal St-Martin et Gare de Lyon) et une à Lyon dans le centre commercial de la Part-Dieu. Très connectés grâce à un e-shop moderne, le groupe peut s’appuyer sur sa communauté, ils ont d’ailleurs récemment dépassé la fameuse barre des 100 000 followers sur Instagram. Leur but : «rapprocher les gens de la nature en rendant les plantes accessibles à tous dans une démarche durable». Plantes Pour Tous est aujourd’hui une enseigne reconnue dans le monde horticole, et ce, aux quatre coins de l’hexagone mais pas que, puisque l’appétit de ses deux fondateurs les poussent d’ores et déjà à s’implanter dans de nombreuses villes Européennes. Rencontre avec Julien, co-fondateur de Plantes Pour Tous.
Bonjour Julien, avant toutes choses, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours avant la création de Plantes Pour Tous ?
Avant la création de Plantes Pour Tous, je faisais des études d’horticulture. J’ai fait un BEP horticole puis un BAC technologique orienté sur le végétal. De son côté, Léo a fait l’École Du Breuil donc comme tu le vois, on a de solides connaissances en horticulture. J’ai ensuite intégré une école d’architecture du paysagisme et de l’urbanisme, c’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai rencontré Léo, avec qui j’ai fondé Plantes Pour Tous. Après nos études on est un peu parti chacun de notre côté pour se lancer rapidement dans le monde de l’entreprenariat où on a créé chacun nos propres agences. Nous avons ensuite décidé de nous retrouver pour créer un projet commun autour de notre passion, c’est là qu’est né Plantes Pour Tous.
Alors justement, Léo et toi avez fondé Plantes Pour Tous en 2017, comment vous est venu l’idée ? En tant qu’anciens paysagistes, était-ce important pour vous de créer un projet commun autour de votre passion ?
Avec Léo, même si on travaillait chacun de notre côté, nous avons rapidement fait le même constat. On s’est aperçu que les plantes n’étaient pas vraiment accessibles en milieu urbain, surtout du point de vue du prix. En 2017, c’était une période où de nombreux ‘pop-up stores’ émergeaient un peu partout dans Paris. On s’est donc dit qu’on allait louer un petit espace où l’on proposerait des plantes à des prix ronds et attractifs. On a donc proposé nos plantes à des tarifs de 2, 5 et 10€ en évitant ainsi de proposer des prix avec des virgules ou des 99 centimes.
On a fait notre premier évènement dans Le Marais, à Paris, en Juillet 2017, dans un petit espace de 40-50 m² puisqu’on ne savait pas trop ce que ça allait donner. L’évènement devait initialement durer un week-end mais il n’a finalement duré qu’une heure et demi. Nous n’avions pas prévu autant de monde et nous nous sommes vite retrouvés à court de stock, pas mal pour un premier essai. Ça nous a donné beaucoup de motivation et ça nous a prouvé qu’il y avait vraiment quelque chose à développer quand on a vu l’engouement et la vitesse à laquelle le stock s’est écoulé. Deux mois plus tard, en Septembre 2017, on a refait un évènement avec cette fois, plus de plantes et dans un espace plus grand. Un nouveau succès puisqu’on a eu la chance d’accueillir beaucoup de monde avec environ 5 000 visiteurs sur le week-end. C’est à partir de là que le concept Plantes Pour Tous s’est vraiment lancé.
Peux-tu nous présenter le concept et quels sont les principales difficultés que vous avez rencontrées à vos débuts ?
Dès le départ, Plantes Pour Tous repose principalement sur le système des Grandes Ventes de Plantes, où l’on se rend durant un week-end dans les grandes villes de France et d’Europe pour vendre nos plantes. L’idée est de proposer des prix les plus bas possibles tout en gardant des produits de qualité et responsables. Nos prix de 2, 5 et 10 € ont été dupliqués dans toutes les grandes villes Françaises que ce soit à Paris, Lyon, Bordeaux, Lille… C’est grâce à ces Grandes Ventes que l’on en est là aujourd’hui. Depuis l’an dernier, on a cherché à se diversifier en créant deux nouveaux formats. Le premier avec les jardineries physiques, qui sont des boutiques permanentes, ouvertes toute l’année. Le deuxième avec la création de notre e-shop, où l’idée est de proposer des lots de plantes pour celles et ceux qui n’habitent pas suffisamment près des grandes villes et qui ne peuvent donc pas se rendre à nos évènements.
Nos principales difficultés au départ étaient de trouver des producteurs transparents avec nous. Le secteur horticole est assez opaque au départ, surtout quand on est petit. On arrive dans une industrie qui en réalité est assez énorme. C’était un peu difficile pour nous de trouver des bons acteurs à qui parler et qui comprennent notre projet. Pour trouver des fournisseurs, ça a été très progressif. Au regard de nos volumes, nous sommes vite partis à la recherche de producteurs en direct pour limiter les intermédiaires et ainsi continuer de proposer des prix attractifs.
D’où viennent vos plantes ? Comment parvenez vous à conserver des prix si abordables en comparaison à d’autres grandes jardineries concurrentes ?
Pour commencer, il faut s’avoir qu’il n’y a pas de productions de plantes d’intérieur en France. Il nous est donc impossible de proposer des plantes produites localement. Aujourd’hui, on se fournit en Europe, comme tous les acteurs qui vendent des plantes, c’est à dire en Hollande, en Belgique, en Espagne ou encore en Italie. On essaye de se rapprocher de producteurs qui vont être hyper transparents avec nous ce qui nous permet d’éviter de nombreux intermédiaires pour proposer des prix justes et ainsi assurer une bonne traçabilité quant à la qualité de nos plantes. Si nos prix sont aussi bas c’est aussi le résultat d’un travail acharné avec nos fournisseurs, nous sourçons et cherchons les meilleurs dans leurs domaines tout en limitant le nombre d’intermédiaires.
Au départ, de nombreuses enseignes du secteur ne comprenaient pas vraiment ce que l’on faisait, ils pensaient que l’on vendait à perte, on a entendu pas mal de choses. Nous n’avons tout simplement pas le même business, on a construit un modèle qui ne repose pas du tout sur le même fonctionnement et les mêmes stratégies que des fleuristes ou des jardineries traditionnelles.
Comme tu nous l’a dit, il n’existe plus de productions de plantes d’intérieur en France, peux-tu nous en dire plus à ce sujet ? Est-ce un regret pour vous ?
Nous avons vraiment cet objectif d’éco-responsabilité. Nos plantes d’intérieur sont à 80% labellisées MPS (« Milieu Programma Stierteelt »). Ce label certifie que les producteurs labellisés vont être très attentifs à leur consommation en eau, en électricité et aux traitements qu’ils utilisent pour avoir le moins d’impact possible. Bien sûr nous ne sommes pas encore parfaits sur ce sujet mais nous travaillons d’arrache-pied pour faire bouger les choses et sensibiliser au maximum.
Les producteurs de plantes d’intérieur français ont disparu dans les années 70. L’horticulture Française, n’ayant pas suivi les évolutions engagées par la Hollande en terme d’automatisation et de mécanisation, a fini par disparaitre. On aimerait pouvoir se fournir en France pour relancer l’industrie Française. Cependant, les producteurs Belges et Hollandais restent relativement proches de nous malgré tout.
Vous avez plusieurs canaux de distribution, le e-shop, vos boutiques physiques et vos ventes éphémères. Y-a-t-il des différences importantes entre ces formats, notamment sur la variété des produits proposés et leurs prix ?
Nos tarifs restent sensiblement les mêmes sur nos trois canaux de distribution. Or, sur le e-shop, il faudra ajouter le prix du packaging et transport. Il faut savoir que le coût de livraison sera plus important que si tu achètes un livre ou un vêtement par exemple. Il ne faut pas oublier que les plantes sont des êtres vivants, fragiles et périssables si elles restent trop longtemps dans de mauvaises conditions. Nous travaillons là aussi très dur pour proposer le meilleur et satisfaire nos clients.
Au niveau de la préparation, tout est extrêmement bien pensé. La plante est protégée et calée, elle ne bouge pas. La principale difficulté c’est la terre, la plante est fixée mais si le carton se met à tourner dans tous les sens, ça ne peut pas fonctionner et la gravité fait que la terre finit par tomber. On a donc marketé au maximum nos packagings pour prévenir les livreurs tout en adaptant les tailles de nos différents cartons en fonction des plantes. Pour plus de cohérence et pour éviter de vendre des plantes moins chères que les frais de livraison on a créé un système de vente par lots. Les clients peuvent donc acheter plusieurs plantes en même temps et ainsi optimiser les frais de livraison.
Quels types de plantes proposez-vous, avez-vous comme dans une jardinerie traditionnelle une multitude de références ou au contraire vous concentrez-vous sur des classiques ?
Alors oui, il y a des plantes ‘best-sellers’ que l’on va commander en plus grande quantité. Mais nous avons une gamme très large et c’est ce qui fait notre force aujourd’hui. D’ailleurs, pour preuve, les plant-addicts et les instagrammeurs plantes qui sont de vrais collectionneurs, sont de plus en plus nombreux à venir chez nous pour notre largeur de gamme. On a plus de 150 références et pour une jardinerie urbaine, c’est vraiment énorme. Nous sommes les seuls à proposer une gamme de plantes aussi large en cœur de ville. Nous n’avons rien à envier aux gros du secteur, c’est le fruit de notre concentration sur le domaine des plantes contrairement aux grandes enseignes qui proposent une multitude de produits divers et variés. On ne souhaite pas s’éparpiller, les plantes c’est notre spécialité.
Qui sont vos clients ? Vous êtes très actifs sur les réseaux sociaux, vous avez d’ailleurs récemment passé la barre des 100 000 followers sur Instagram, est-ce que cela est synonyme d’une clientèle plutôt jeune et connectée ?
Notre clientèle est composée d’environ 80% de femmes. Nous avons en général une clientèle urbaine, plutôt jeune (25-35 ans), assez attachée à toutes les questions environnementales et qui cherche à renouer avec la nature, sans se ruiner pour autant. Cette moyenne d’âge s’explique aussi par nos évènements qui sont préalablement relayés sur les réseaux sociaux. Pour ce qui est des jardineries, notre clientèle est beaucoup plus large et éclectique, on le voit déjà dans notre boutique du 10ème arrondissement où toutes les tranches d’âges se mélangent. Notre but est de créer des jardineries de quartier où tout le monde peut venir librement trouver son bonheur.
Vous êtes déjà implantés à Paris (Gare de Lyon et Canal St-Martin) et à Lyon. Avez-vous pour ambition d’ouvrir de nouvelles Jardineries à l’avenir ou bien de continuer d’organiser de plus en plus de grandes ventes ?
Les deux, pour les jardineries et les événements on souhaite continuer à développer un réseau Européen. L’idée est vraiment de développer ces deux formats ainsi que le e-shop. Je dirais que c’est un peu trois sociétés dans une au final.
Concernant ta recherche de locaux, que ce soit pour les Grandes Ventes de Plantes ou les jardineries, dans quelles villes recherches-tu en ce moment des locaux et quels sont tes critères d’implantation ?
Pour nos jardineries, on cherche des locaux de 200m² minimum de rez-de-chaussée. Idéalement, 350 m² ce serait vraiment bien, voire 400 mais après tout dépend du budget. On cherche vraiment des lieux en hyper centre-ville avec du cachet comme une verrière ou une lumière zénithale par exemple. On aimerait créer une ambiance en adéquation avec les plantes même si ce n’est pas rédhibitoire, on sait s’adapter. Sur les secteurs, concernant Paris, on pense qu’on peut en ouvrir pas mal, il y a juste des choix stratégiques à adopter en fonction des zones. Mais aujourd’hui, nous recherchons plus particulièrement dans les secteurs suivants : 14ème (Rue d’Alésia, Place Denfert-Rochereau, Pernéty), le 17ème tout le secteur au Sud des Batignolles, Gambetta, Lamarck, nord Montmartre, bas Marais, Saint Paul, Bastille, Rue du Faubourg Saint Antoine et Beaugrenelle. S’il y a des propositions intéressantes en banlieue parisienne notamment dans le 92, on peut aussi regarder. On commence aussi à regarder des villes comme Toulouse, Bordeaux, Nantes et pas mal d’autres grandes villes de France. Pour le loyer, on est prêts à mettre entre 3000 et 8000€ par mois maximum en location pure en fonction du lieu et de la ville. On essaye d’éviter au maximum les GAPD de longue durée.
Pour ce qui est des Grandes Ventes de Plantes, c’est un peu la même chose. On recherche sur la durée d’un week-end, toujours pour trois jours. Ça peut être du vendredi au dimanche comme du jeudi au samedi puisqu’il y a des villes où il est interdit d’ouvrir le dimanche. Pour la surface, on est autour de 250-300m² en rez-de-chaussée sans escaliers ni obstacles, avec une hauteur sous-plafond importante. Les espaces avec des marches sont rédhibitoires pour nous, notamment sur le plan de l’organisation où tout doit être mis en place en seulement 3 heures grâce à nos chariots danois qui transportent les plantes. Concernant le budget, on essaye surtout de trouver des partenaires sur la durée pour pouvoir revenir fréquemment dans l’année. On est prêt à dépenser entre 1500 et 2000€ par week-end, jusqu’à 3000€ maximum si le lieu en vaut vraiment le coup.
Malheureusement l’année 2020 a été plus que compliquée, comment la pandémie vous a-t-elle impactée ? Quelles sont vos perspectives d’après Covid-19 ?
En terme d’objectifs, c’est vrai que la pandémie nous a évidemment freiné. Les objectifs que l’on s’est fixés pour Septembre 2021 et Janvier 2022 sont ceux que l’on aurait déjà du atteindre si il n’y avait pas eu la Covid-19. C’est surtout le premier confinement qui a été assez dur pour nous parce que l’on venait d’ouvrir notre première jardinerie et notre e-shop une semaine avant. Il faut savoir que ces ouvertures nous ont demandé un an de préparation. Pour le e-shop on a du tout stopper parce que les livreurs avec qui on bossait ont malheureusement eu des cas de Covid-19. La jardinerie a aussi du fermer pendant le premier confinement, période assez angoissante pour nous mais au final on s’en est pas mal sorti, on a pu réagir assez vite. On en a profité pour prendre en photo toutes les plantes de notre jardinerie et faire du ‘click and collect’, c’est ce qui nous a permis de tenir et de payer les loyers. Concernant le troisième confinement, on a eu la chance de garder nos jardineries ouvertes, nous avons été considérés comme commerce essentiel.
Grâce à nos trois canaux de distribution, nous avons eu la chance de n’avoir quasiment aucune perte. Les plantes que nous n’avons pas pu vendre en jardineries ont été vendues sur le e-shop. Comme tu le vois, notre enseigne est maintenant assez solide pour traverser ce type de crises ce qui nous conforte dans notre développement et notre avenir. Pour la reprise, on est plutôt confiant, on va relancer les évènements.
Merci Julien pour cette interview, c’était un plaisir d’en apprendre plus sur vous, on vous souhaite plein de réussite pour la suite ! Vous souhaitez proposer un local à Julien, rendez-vous sur unemplacement.com.